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Strates

by Sébastien Lafleur

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1.
OLIVIA EST EN VACANCES Voilà trois jours que mijotent Ses casseroles en titanium C’est bientôt sa réception Elle a déblayé sa porte, Épousseté les plafonniers, La boiserie, le carillon Elle allume ses chandeliers Les flammes se balancent Olivia est en vacances Elle tournoie, tournoie Usant les planches jusqu’à dimanche Elle tourne, tourne, tournoie Pour un public d’épouvantails Qui tapent, tapent leurs poitrails Rotant de la paille et des blattes Sur Olivia qui tournoie Voilà trois mois qu’elle feuillette Ses vieux livres de recettes Pour vider son sous-sol De ses amourettes d’automne Au menu : des viandes froides, De la langue morte à Montréal, Des oreilles de crimes parfaits Que d’exubérance! Olivia est en vacances Elle tournoie, tournoie Usant les planches jusqu’à dimanche Elle tourne, tourne, tournoie Pour un public d’épouvantails Qui tapent, tapent leurs poitrails Rotant de la paille et des blattes Sur Olivia qui tournoie Voilà trois ans qu’elle recrute Dans le quartier des piqueries Décorant l’arnaque D’un col en V de paillettes Séquestrant les imprudents Pour contenter son démon Mais ce soir on se voit dans Ses bottillons de danse Olivia est en vacances Elle tournoie, tournoie Usant les planches jusqu’à dimanche Elle tourne, tourne, tournoie Pour un public d’épouvantails Qui tapent, tapent leurs poitrails Rotant de la paille et des blattes Sur Olivia qui tournoie Claquez la cadence Olivia est en vacances.
2.
À SEULEMENT TROIS HEURES DE VOS CLOCHERS Vous vous étiez vus Broyés dans la gueule De la Création En vous enfuyant Manger de la neige Dormir dans des grottes Jusqu’au printemps Manger vos vêtements Vous vous étiez vus Élever des enfants Dans des conditions Abracadabrantes Braver des cougars Endurer des mouches noires Mais après trois heures, Déjà vous étiez ailleurs Ici se clôt le canon Le canon, les conventions La vie éclot dans la clarté Ici se clôt le canon Le canon, la religion À seulement trois heures de vos clochers Le sentier débouche Sur une plage bondée De gens métissés Maniant des raquettes Bronzant sur des serviettes Se couvrant de glaise Vous n’aviez jamais Vu deux messieurs s’embrasser Vous n’aviez jamais Vu de raies échouées On vous avait proscrit L’au-delà du bout du nez On tourne ici les pages De bibles singulières Qu’on lit dans sa tête Pour des raisons bien séculières Ici se clôt le canon Le canon, les conventions La vie éclot dans la clarté Ici se clôt le canon Le canon, la religion À seulement trois heures de vos clochers À seulement Un jet de pierres, On n’a plus peur De l’éclair, de l’éclipse Vous perdrez Peut-être vos repères Marie-Ève et César, Ouvrez vos paupières Vous vous étiez vus Regretter vos terres Et ne plus pouvoir Galoper après souper Ni dormir le ventre plein Vos volets fermés Jusqu’au printemps Regretter vos vaches Si vous aviez su Qu’existaient d’autres zones Sans prêchi-prêcha Vous seriez partis Bien avant d’avoir Pris autant de claques Car passé la forêt, On vous gardait deux bières au frais Ici se clôt le canon Le canon, les conventions La vie éclot dans la clarté Ici se clôt le canon Le canon, la religion À seulement trois heures de vos clochers Un jet de pierres Un jet de pierres Un jet de lumière Un jet de terre Un jet de boue Un jet de boue Un jet de boue Un rejet de boue.
3.
DEUX BANDITS SUR LA PLAGE Trop de soleil, nos peaux perlent Sur la grève, nous sommes saouls Escogriffes à barbes hirsutes Nous savourons des Revello Parler de tout sauf de La Macaza Lancer la balle aux chiens détachés Rêver d’une chorale d’anciens braqueurs Dans le livret, beaucoup de Cœur de Pirate Nos bijoux plaisent aux adolescents Et nos tatouages font peur aux papas Trop de soleil, nos peaux vermillonnent Trop de soleil, les femmes fondent Une partie de dames, ça tue le spleen Spleen du voyou, spleen du voleur Les cerfs-volants volent au-dessus du fleuve Nos galets font des bonds jusqu’aux voiliers Plus de soleil, un feu de camp Sur la braise grillent nos barbottes Nous dégrisons, bercés par les grillons Un coup de soleil sur nos cous Passer l’été à fumer des cornets Loin de la pollution, loin des policiers Nous nous foutons des morsures de mouches noires Dans la nature, sous la Voie lactée Parler de tout sauf de Donnacona Dans la nature, à roter à tous vents Nous nous foutons de ne pas avoir de blondes Dans la nature, nous nous foutons de ne pas avoir de DEC.
4.
SON COIN DE PARADIS À LUI Satan plante sa tente Tend sa toile entre les troncs de pins blancs Il se spray de stuff Décapsule sa petite frette Égraine sa cocotte tranquillement Dans le creux de sa paume Il neigeote des crottes de country Près du feu, Satan gratte Sa guitare scrap Son coin de paradis à lui Satan parle en dormant D’affaires classées top secret en Enfer Tout à coup le bruit De quatre-roues à minuit L’extrait de son sommeil de plomb Dans le creux de sa paume Se prépare un ouragan de fiel Près du lac, Satan craque Son congé qui crashe Son coin de paradis à lui Satan sort dehors à poil, Bloque la trail, le regard noir charbon, furibond Il bombe le torse Les fait faire dans leurs culottes Braquant ses cornes et sa crowbar Dans le creux de sa paume Il effoire des graines de douchebags Tout près de Lavaltrie, Satan se réjouit Du joual dans les cris Son coin de paradis à lui Dans le creux de sa paume Le courant de sang décélère Près des cerfs, Satan se rendort Sur ses branchailles Son coin de paradis à lui.
5.
AU BOUT DE TA MACHETTE Claire, tu as tranché la tête De celui qui partageait ton lit Depuis l’été deux mille sept Il avait trop bu à d’autres puits Au bout de ta machette Sa bouche n’a plus sa moue pompette Au bout de ta machette Sa bouche n’embrasse plus d’autres joues parfaites Au bout de ta machette concrète Claire, tu as tranché la tête De celui qui n’offrait que la pluie, Les ennuis, les dettes et les défaites Il buvait trop près de ton profit Au bout de ta machette Sa bouche n’a plus sa moue pompette Au bout de ta machette Sa bouche n’embrasse plus d’autres joues parfaites Au bout de ta machette concrète C’est la nuit complète Au bout de ta machette Il fait nuit Claude en fait une drôle de tête Celle de celui qui n’ira plus en ski Ainsi, Claire, tu joues des castagnettes À jamais délivrée de ses beuveries Au bout de ta machette Sa bouche n’a plus sa moue pompette Au bout de ta machette Sa bouche n’embrasse plus d’autres joues parfaites Au bout de ta machette concrète Au bout de ta machette.

credits

released March 11, 2022

Chansons écrites et composées par Sébastien Lafleur
Réalisées par Sébastien Lafleur, David Méliès et Navet Confit
Mixées par David Méliès
Matricées et voix mixées (2,3,4,5) par Jean-Philippe Villemure
Enregistrées dans La Cage à Hedwigg, au Sushi Cat Studio, au Studio Francis Ledoux, chez David Méliès et chez Cédric Dind-Lavoie
La pochette (encre sur papier de riz) est de Simon Drouin.
Merci au Conseil des Arts du Canada.

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Sébastien Lafleur Montréal, Québec

Sébastien Lafleur ne se prénomme pas Stéphane. Sébastien Lafleur a grandi à Montréal-Nord à côté d’une rivière où il n’y avait pas encore beaucoup d’outardes à braconner comme c’est le cas aujourd’hui. Du 6 du 6 du 6 à aujourd’hui, il a fait paraitre L’Album Mouillé, L’Album Brûlé, Le Minisoufflé, L’Album de Vent, L’Album de Boue et Strates. ... more

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